Article publié dans le Paysan Lorrain du 20 janvier 2017
Suite au rapport Agriculture Innovation 2025, une mission confiée à Jean-Marc Bournigal, président de l’IRSTEA, s’est penchée sur la mise en place d’un portail de données agricoles. L’objectif est de faciliter l’accès à ces données pour les valoriser, par exemple sous forme d’outils d’aide à la décision. La protection et la valorisation des données seront néanmoins incontournables.
Dans le cadre du Plan « Agriculture-Innovation 2025 », le ministre de l’Agriculture et la secrétaire d’Etat au numérique ont confié au président de l’IRSTEA, Jean-Marc Bournigal, une mission de réflexion sur la mise en place d’un portail numérique de données agricoles.
Le rapport qui leur a été remis le 10 janvier met ainsi en avant les fonctionnalités de cet outil : guichet unique pour l’accès aux données d’intérêt agricole (publique et privé), magasin numérique qui offrira des outils simples de traitement (statistiques, géostatistiques…) ou de présentation des données, « cloud agriculteurs » pour héberger les données professionnelles des agriculteurs, espace d’échanges, et vitrine d’OAD (Outils d’aide à la décision) testés et évalués par les utilisateurs. De ces fonctionnalités dépend en effet l’intérêt de toutes les parties prenantes, agriculteurs comme fournisseurs, vis-à-vis du portail, l’attractivité étant nécessaire pour réunir un maximum de données.
Protection juridique et partage de la valeur
D’autres points sont cependant cruciaux pour la réussite de l’outil, notamment la gouvernance des données, que le rapport propose de confier à un consortium d’acteurs économiques du monde agricole, où les agriculteurs ont une place, et la protection juridique. « Les données peuvent pour partie, être géo-référencées (parcellaire), et donc être raccordables à une personne physique, ce qui nécessite son accord avant diffusion. Les données seront, sauf accord du titulaire, anonymisées avant leur diffusion », indique le résumé du rapport.
La transparence devra donc être maximale pour favoriser la confiance des producteurs de données. Par ailleurs, « l’objectif du portail est de mettre à disposition pour les valoriser, sous forme d’OAD ou de services nouveaux. Les données vont donc être à l’origine d’une création de valeur », rappelle la conclusion du texte. Or, cette question de la rémunération de la donnée risque d’être complexe : de la création de la donnée à l’usage de l’information, de la valeur est créée à chaque étape, mais « l’équation qui modélise l’ensemble n’existe pas », précise le rapport.
Il faut par ailleurs que le coût de la donnée ne restreigne pas l’accès de certains acteurs au bénéfice d’autres. Cependant, « le coût d’opportunité de ne pas entrer dans une démarche d’ouverture des données serait beaucoup plus élevé : il présenterait le risque de laisser de grosses structures s’emparer du monopole des données et de l’ensemble de la chaîne de valeur », avertit le texte.
Pour donner toutes ses chances de réussites au projet, Jean-Marc Bournigal estime à 12-15 mois la première phase de construction, qui sera suivie d’une phase de lancement de 21 à 24 mois, pour un investissement de 4,8 à 5,4 M€. Le rapport sera présenté à la profession lors de la prochaine réunion du conseil supérieur d’orientation et de coordination de l’économie agricole. Par ailleurs, une délégation ministérielle au numérique va être créée au sein du ministère de l’Agriculture, pour faciliter la mise en accessibilité des données publiques du ministère et accompagner la profession sur ce sujet. Le ministère de l’Agriculture a également annoncé qu’une première action d’animation sera lancée au Salon internationale de l’agriculture, sous forme de « Vision Camp », un atelier destiné à faire émerger une vision collective avec des acteurs très divers.